Écriture littéraire Hamid Aït Slimane ou la mystique de l’écritur

Publié le par ait slimane hamid

Écriture littéraire
Hamid Aït Slimane ou la mystique de l’écriture

Avant l’apparition de Matoub, Hamid baignait déjà dans la poésie d’Aït Menguellet. Nos discussions et analyses sur les deux piliers de la chanson kabyles, Lounis et Lounès, ont pris, au milieu des années 1980, les allures d’un grand forum. La plus complexe métaphore de l’un, la plus subtile allégorie de l’autre, la valeur culturelle des deux, sont passées au peigne fin et comparées aux données des autres poètes universels.

Avec Hamid Aït Slimane, les mots semblent s’écouler avec une célérité proportionnelle aux idées qui se bousculent, s’entrechoquent et avancent. Le désordre n’est qu’apparent. Il est souvent l’ordre même. 
Aucun thème de valeur n’échappe à ses préoccupations à tel point que son énergie créatrice se trouve dispersée dans la poésie en kabyle- vieil amour qui remonte à l’adolescence mostaganémoise-, le théâtre, toujours en kabyle, l’écriture en français (poèmes et nouvelles) et, en chantier, un roman en kabyle. 
Cet intérêt, devenu une nature, pour la culture kabyle remonte aux premières années de son enfance à Mostaganem lorsque toute la famille alla s’installer dans cette ville de l’Ouest algérien au lendemain de l’Indépendance. 
Un malaise culturel évident s’installa dans l’environnement immédiat de Hamid d’autant que le début des années soixante était la période faste de l’arabisme prôné et pratiqué par Ben Bella, puis par son successeur. 
Les fragrances, les formes et la nostalgie de la Kabylie dans laquelle il naquit en pleine guerre de Libération nationale (1957), le hanteront pour toujours et lui inspireront idées, réflexions et créations. 
En plus de Slimane Azem écouté clandestinement par la famille au cours de ces années de plomb, Hamid me parlait souvent de Omar El Khayyam, Si Moh U M’hand, de Matoub Lounès comme fonts baptismaux de ses premiers élans poétiques. 
D’ailleurs, tout en consacrant sa touche et son style propres, on ne manque pas, à la lecture de certaines de ses pièces poétiques, de penser à la profondeur psychologique, au destin d’errance et, pour tout dire, à la mystique de la poésie de ces trois auteurs. Bien sûr, avant l’apparition de Matoub, Hamid baignait déjà dans la poésie d’Aït Menguellet. 
Nos discussions et analyses sur les deux piliers de la chanson kabyles, Lounis et Lounès, ont pris, au milieu des années 1980, les allures d’un grand forum. La plus complexe métaphore de l’un, la plus subtile allégorie de l’autre, la valeur culturelle des deux, sont passées au peigne fin et comparées aux données des autres poètes universels.
Aujourd’hui, Hamid regrette que l’on n’ait pas eu la présence d’esprit d’enregistrer toutes ces discussions sur cassette-audio ou sur un support écrit.
Cela donnerait certainement l’un des plus beaux et complets ouvrages sur le sujet. 
Hamid écrivait poèmes et textes courts en prose là où il pouvait le faire : à la maison, dans un café du centre-ville de Mostaganem ou dans une salle de classe de Yellel où il enseignait les sciences naturelles. 
Les anniversaires du Printemps berbère (20 avril) étaient fêtés avec faste dans l’Institut d’agronomie où Hamid avait noué de solides amitiés avec les Kabyles de ‘’montagne’’.
 À cette occasion, il venait lire ses poèmes devant une assistance agréablement surprise par la présence d’un Kabyle qui a conservé sa culture d’origine malgré deux décennies de vie à Mosta. 
Mieux, il créait dans sa propre langue. Après avoir passé près de vingt-cinq ans dans l’Ouest du pays, Hamid Aït Slimane revient au bercail dans la commune de Timizart, région des Ath Djennad. 
Aux premiers balbutiements du pays dans le pluralisme politique, il se retrouvera militant de la démocratie dans sa commune tout en s’employant à donner le souffle nécessaire à l’Association ‘’Youcef U Kaci’’ des Ath Djennad. 
La sincérité de l’engagement de Hamid dans l’action politique ne cadre pas toujours avec les calculs politiciens des structures organiques ou de certains activistes zélés aux desseins interlopes. 
C’est pourquoi il ne tardera pas à se mettre en rupture de ban avec la structuration politique, même si le Mouvement citoyen de 2001 allait réveiller en lui cette fougue incompressible qui le fera replonger dans l’action militante. 
Sous un vieil olivier planté dans la cour de sa maison paternelle à Tamaright (village Igherviane), il me parle de son projet de roman en kabyle. 
Une partie de l’ouvrage est déjà réalisée. Mais, il avoue que l’entreprise n’est pas de tout repos. 
L’une des difficultés majeures, selon lui, est la pauvreté du lexique dans certains domaines de la vie, particulièrement dans la catégorie de l’abstraction. 
La trop grande ‘’facilité’’ à utiliser des néologismes pour ‘’purifier’’ la langue, ne semble pas la solution indiquée, car elle risquerait de créer une langue artificielle dépourvue d’âme et d’esthétique. 
Ces derniers temps, Hamid s’est consacré à de courts textes en prose rédigés en français. Ils sont situés à mi-chemin entre le conte et la nouvelle. 
Celui que nous présentons ici est un bel exemple de nouvelle qui se rapproche des anciennes sotties du Moyen-âge. 
Une lecture hâtive pourrait nous faire voir des images ou des réminiscences de Zarathoustra de Nietzsche ou du Prophète de Gibrane Khalil Gibrane, mais ce n’est ni l’un ni l’autre. 
La combinaison entre le merveilleux, le tragique et l’absurde donne à la fiction une tension intense et installe un climat de déréliction humaine que ni la piété ni la pitié ne sauraient endiguer.

Amar Naït Messaoud

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M
<br /> Hamid je suis heureuse ce soir.<br /> Merci<br /> <br /> <br />
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M
<br /> je t'offre ces quelques vers<br /> <br /> bel oiseau<br /> des monts kabyles<br /> tu survoles planant<br /> cherchant la délivrance<br /> de ton peuple<br /> tu ne trouve que résistance<br /> les vents d'Alger font barrage<br /> méprisant toute une nation<br /> un combat mené jours aprés jours<br /> depuis la nuits des temps<br /> d'oiseau tu deviens rapace<br /> acclamant ton pays<br /> réclamant et criant son indépendance<br /> les têtes pensantes<br /> font fi de vos maux<br /> peuple en souffrance<br /> d'une nation non reconue<br /> refus soutenu de votre identité.<br /> <br /> Morwena<br /> <br /> <br />
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A
<br /> oh je suis tres senbsible à ce poème Morwena<br /> <br /> merci merci de tout coeur <br /> <br /> <br />